Brexit : impacts politique, économique et monétaire

5 juillet 2016 - Actualité financière

Le « Brexit », ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne aura été l’évènement marquant de ce premier semestre, mais il reste d’abord un choc négatif pour la croissance du Royaume Uni et devrait avoir un impact limité sur celle de l’Europe continentale.

Même si ce vote a surpris les marchés, le système financier international a prouvé sa résilience.

De fait la volonté des banques centrales de soutenir la reprise reste inchangée. En effet depuis le début de l’année, la conjoncture mondiale a été soutenue par :

  • une politique monétaire accommodante, favorable à la reprise du secteur de la construction,
  • une baisse durable du coût de la dette, générant des « cagnottes fiscales » susceptibles d’être réinjectées
  • une remontée du prix du pétrole, éloignant le risque de déflation.

Aujourd’hui, le contexte actuel devra être analysé sur 3 plans: politique, économique et monétaire.

Sur le plan politique, les incertitudes restent élevées : nouvelle gouvernance d’une Europe à 27, impact des élections américaines, italiennes, françaises… voire autrichiennes !

Les primes de risque vont donc demeurer élevées et la volatilité va rester relativement forte.

En conséquence, les actifs les plus sûrs vont continuer à être favorisés, en particulier le dollar.

Sur le plan économique, le Brexit devrait coûter au Royaume Uni environ 1,5% de croissance réparti entre 2016 et 2017. Cependant, les répercussions sur l’économie mondiale-Etats-Unis, Chine, Japon, zone euro- devraient être absorbables. D’ores et déjà les marchés actions ont retrouvé leur niveau d’avant crise.

Parallèlement une pression baissière sur les taux devrait être maintenue. Aujourd’hui, 70% de la dette d’Etat allemande se situe en territoire négatif. Il n’est pas exclu que cette proportion augmente dans un proche avenir. Une manière de réagir pour les investisseurs sera d’aller chercher des maturités plus longues et d’entrainer un aplatissement plus prononcé de la courbe des taux.

Par ailleurs, l’issue rassurante des élections législatives en Espagne, le portage positif ainsi que le soutien significatif de la BCE militent pour un positionnement sur les taux des pays périphériques de la zone euro.

Aux Etats-Unis, à moins d’une forte appréciation sur le dollar (contaminé par un effet Brexit), le taux de croissance américaine devrait se maintenir autour de +2% sur l’année.

En zone Euro, notre scénario de croissance reste inchangé à +1,5% en 2016, et +1,6% en 2017.

Sur le plan monétaire, les banques centrales devraient renforcer leurs politiques accommodantes.

La Banque centrale d’Angleterre devrait diminuer ses taux directeurs de 0,5% et pourrait en fonction de l’évolution des marchés reprendre son programme de quantitative easing. De son côté, la Banque centrale européenne est prête si besoin à annoncer un prolongement de son programme d’achats d’actifs.

Politique de gestion de Groupama Asset Management au 24/06

“La période qui s’ouvre est une période de forte incertitude, politique, économique et financière. Dans ce cadre, la volatilité va rester le maître mot sur les marchés. En l’absence de visibilité, nous maintenons notre positionnement, les primes de risque devraient rester importantes et les taux sur des niveaux inédits. Nous sommes vigilants sur le risque politique dans nos fonds. Nous attendons des initiatives des gouvernements et des banques centrales pour réactiver nos expositions en risque. Dans l’attente de ces interventions, nous saisirons les opportunités offertes par les fortes variations de marché.”

Source : Groupama Asset Management – Achevé de rédiger le 4 juillet 2016


Maturité
La maturité d’un titre financier est l’espace de temps qui sépare aujourd’hui de la date d’échéance finale de ce titre, date à laquelle il disparaîtra définitivement. Ainsi, une obligation qui vient en remboursement en 2020 a une maturité de 8 ans en 2012.

Taux d’intérêt
D’une manière générale, le taux d’intérêt, ou loyer de l’argent, rémunère la renonciation à une consommation immédiate, donc le temps. Il permet donc de dissocier la décision de consommer de celle d’investir en permettant à l’individu de s’ajuster soit en levant des ressources supplémentaires soit en plaçant des ressources excédentaires. Dans le cas des titres de créance, le taux d’intérêt caractérise le taux de rémunération du prêteur, déterminé contractuellement

Courbe des taux
La courbe des taux permet de visualiser la relation existante entre les valeurs des taux d’intérêt et leurs termes. D’une manière générale, cette courbe est croissante du fait de l’existence d’une prime de risque (taux longs supérieurs aux taux courts). Cependant, cette courbe peut s’inverser notamment quand les opérateurs anticipent une baisse de l’inflation.

Quantitative easing
Le quantitative easing désigne des mesures de politique monétaire non conventionnelles. Habituellement, la politique monétaire a pour principal instrument le taux d’intérêt auquel les banques peuvent se réescompter auprès de la banque centrale. Du fait de l’ampleur de la crise, les banques centrales ont été amené à prendre des mesures non classiques fin 2008 début 2009, d’où le terme de quantitative easing, consistant par exemple à acheter des obligations ou des billets de trésorerie émis par les entreprises, à reprendre les actifs douteux de banque ou à les garantir.

Portage
Le portage est une opération permettant de substituer à l’actionnaire effectif un actionnaire apparent sur la base d’un engagement précis. L’actionnaire effectif souhaite dans un souci d’anonymat ne pas apparaitre en tant que tel. L’actionnaire apparent s’est engagé à revendre les actions à l’actionnaire effectif et celui-ci s’est engagé à les racheter à un prix défini par avance. Conceptuellement, celui qui porte les actions (l’actionnaire apparent) fait en quelque sorte crédit, avec un risque propre au dénouement du portage. Si l’entreprise connaît entre-temps des difficultés, il sera malaisé de procéder au rachat des actions à un prix qui ne correspond plus à la réalité. D’où une certaine lourdeur pour faire exécuter une convention de portage

Source : Les Echos